Gonaïves, une ville pleine de ressources patrimoniales.

La ville des Gonaïves, de son ancienne nomination Gonaïbo fut un ancien village indien fondée en 1422. Elle est une commune du département de l’Artibonite et est reconnue comme étant la Cité de l’Indépendance de par sa participation à la révolution haïtienne. Cette ville fut le théâtre de plusieurs hauts faits historiques notamment l’arrestation de Toussaint Louverture et son embarcation, la proclamation de l’Indépendance,… Elle regorge pas mal de potentialités patrimoniales, parmi elles : la place d’Armes des Gonaïves, l’habitation Georges (Ka Jòj en créole haïtien ), le Mémorial de l’Indépendance, la place Bouteille Boisrond Tonnerre,  les lakou, places incontournables du vodou (Soukri, Souvenance et Badjo…), qui pourraient la mettre sous le coup des projecteurs en les transformant en ressources touristiques. Malheureusement, un simple constat permet de voir que la ville et ses potentialités sont livrées à elles-mêmes, ce qui est due soit par l’absence de politique culturelle d’une manière globale ou soit par le manque de connaissances, d’esprit d’initiative et  de créativité des dirigeants d’une manière particulière, ce qui justifie la dégradation continue de certains de nos sites et monuments. 

En effet, partant de ce constat, ce texte se fixe comme objectif principal  de lancer un cri d’alarme sur le danger qui guette nos ressources patrimoniales et de proposer  des éléments de solutions, aussi d’attirer l’attention des personnes concernées notamment les Gonaïviens(nes) sur la dégradation, la banalisation, la dévalorisation de nos ressources et patrimoines particulièrement la place bouteille ou place Boisrond Tonnerre des Gonaïves. 

Qui ne se souvient pas du moment historique ou le Général Rochambeau a suspendu la bataille pour saluer la bravoure d’un adversaire? Un boulet lui a balayé son chapeau, un autre a tué son cheval. Malgré tout, le General Capois  s’est relevé pour continuer l’assaut, pour continuer à combattre l’ennemi pour gagner le plus grand bien : la liberté. Cette bataille (Vertières) occasionnera le 1er janvier 1804 aux Gonaïves sur l’habitation Vernet où est érigée la statue de bronze de la place d’Armes des Gonaïves. Le rédacteur de l'acte de l'Indépendance, le Général Boisrond Tonnerre, en sa mémoire est construit la Place Bouteille, puisque c’est exactement à cet endroit où on l’a trouvé saoul, une bouteille à la main. 

De nos jours, l’état de ce lieu si significatif est pitoyable. C’est le quartier général des dépanneurs et des vendeurs de téléphones portables. C’est presque un dépotoir de fatras. Ce n’est pas une manière respectable, raisonnable de traiter un espace public qui est le lieu de mémoire de l’un de nos ancêtres. Cela ne saurait nous étonner car c’est presque l’état actuel de nos attractions et patrimoines. 

Aujourd’hui le monde célèbre la journée internationale des monuments et des sites. Le thème retenu par l’ICOMOS traduit toute la portée immatérielle de ces éléments culturels. Passées complexes, futurs diverses ; ces mots font écho de l'importance des sites historiques pour le développement des communautés.

En vue de valoriser cet espace, une intervention de la part des dirigeants et de la communauté est nécessaire. D’abord et avant tout, il est impératif que les dépanneurs et les vendeurs qui s’y trouvent soient déplacés . Ensuite, entamer des travaux de restauration, de réparation de l’éclairage, d'installation de jets d’eau est la prochaine étape. 

Il faudrait aussi construire des toilettes, retaper les bancs et les chaises, nettoyer et peinturer l’espace. De surcroit, définir un plan d’interprétation micro, ce qui impliquerait nécessairement la mobilisation des compétences en la matière. Créer des attractions et des événements culturels. Faire de la Place Bouteille  un lieu de loisir pour plus d’un, surtout les jeunes. De sorte que, on donnerait à d’autres gens, de partout ailleurs, une raison de plus pour visiter la ville. 

Ce n’est pas seulement la place Bouteille qui mérite cette prise en charge. Car, elle est loin d'être l’unique attrait de la ville. Ne devrait-on pas inventorier, lister, définir des méthodes d’intervention propres à chaque sites, monuments, lieux culturels et historique afin de mieux les valoriser ? 

Gonaïves est la Cité de l’Indépendance, le lieu où a été officialisée l'accès à la liberté des esclavagisés, qui a conféré à l’homme noir le statut d'être humain aux yeux du monde. Vivement qu'elle retrouve ces lettres de noblesses ! Vivement qu'elle occupe la place qui devrait être la sienne, c'est-à-dire un phare qui brille de mille feux. 

Federson Pierre et Moïse Vilson P.  Fleurantin,  étudiants finissants en tourisme et patrimoine à l'Université d'État d'Haiti (IERAH/ISERSS).

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